Il est l’un des principaux intervenants de notre Matinale du mercredi 28 mars 2018 à Paris, dédiée à l’économie circulaire. Joël Ntsondé est doctorant en sciences de gestion à Mines ParisTech.  Il traite des  sujets d’économies alternatives. Selon lui, grâce à l’économie circulaire, les déchets deviennent des ressources. Vraiment ? Rencontre.

  • Monsieur Ntsondé, que recherchez-vous précisément à défendre à travers votre thèse sur l’économie circulaire ?

Je suis actuellement doctorant au CGS (Centre de Gestion Scientifique) de Mines ParisTech et l’objectif de mes recherches est de comprendre comment des acteurs publics et privés peuvent coopérer ensemble pour développer un écosystème d’économie circulaire sur un territoire donné.

  • Vous travaillez avec le Matériaupôle sur une recherche action dans le cadre du projet EcoCIRC. Le lancement officiel aura lieu le 28 mars matin. Pourquoi traiter de ce sujet ?

Le projet EcoCirc vise à initier la structuration d’un écosystème circulaire sur le territoire du Val-de Marne à partir de la commande publique. Ce projet est particulièrement intéressant parce que la plupart des travaux et des expérimentations qui ont été menés sur l’économie circulaire convergent vers l’idée que les acteurs territoriaux ont un rôle prépondérant à jouer dans l’émergence de ce nouveau système économique. Or, la commande publique constitue un des principaux leviers d’action des collectivités locales, donc aborder la question du développement d’un écosystème d’économie circulaire sur un territoire par le biais de la commande publique nous a semblé particulièrement intéressant.

  • Est-ce qu’à notre époque, le sujet de l’économie circulaire et de la commande publique se prête à une recherche action ?

Depuis quelques années, en France, comme en Europe, il y a une volonté politique d’aller vers une société plus durable, ce qui s’est matérialisée notamment par le vote de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte votée en France en 2015. Mais dans les faits, on constate que les marchés publics n’intègrent pas suffisamment de critères sociaux et environnementaux dans leurs appels à projets pour appuyer la transition énergétique et écologique.

En réalité, cette transition écologique, et en particulier l’économie circulaire, nous oblige à repenser nos modes d’organisation et de fonctionnement et à concevoir de nouveaux dispositifs et outils adaptés à la prise en compte des limites de nos ressources et de nos impacts sur l’environnement. Cette tâche nécessite un travail de fond que nous allons essayer de mener dans le cadre de ce projet en travaillant avec les collectivités et entreprises du territoire qui connaissent particulièrement bien les problématiques du terrain.

  • Est-ce que les produits issus de l’économie circulaire font-ils aujourd’huipartie de nos modes de consommation ?

Oui, de plus en plus, sur ce sujet on sent une volonté croissante des citoyens de limiter le gaspillage et de s’opposer aux pratiques d’obsolescence programmée de certains industriels. D’ailleurs, de plus en plus d’initiatives se développent pour proposer des ateliers de réparation, créer des ressourceries, développer un marché de seconde vie des objets du quotidien (téléphones portables, jouets, livres).

Globalement, on reste ancré dans un mode de consommation linéaire, mais les produits issus de l’économie circulaire se développent de plus en plus.

  • Est-ce que les pouvoirs publics sont prêts à faire des efforts pour intégrer ces « nouveaux » modes de production industriels ?

A priori oui, au niveau européen et national. Il y a des signes forts qui apparaissent. La co-construction de la feuille de route de l’économie circulaire devrait sortir bientôt. Plusieurs lois ont déjà été publiées ces dernières années sur le gaspillage alimentaire ou la transition écologique.

Après, il y a également de nombreuses résistances. Tous les acteurs industriels ne sont pas favorables à l’économie circulaire. Certains ont un poids politique considérable. Le chemin risque d’être encore long et difficile.

  • Pourquoi le territoire val-de-marnais serait plus sensible à cette thématique qu’un autre département francilien ?

Il y a une dynamique très intéressante qui repose sur la volonté et la motivation de toute une série d’acteurs. Par exemple, le département du Val-de-Marne a déjà développé une boucle alimentaire vertueuse sur son territoire. Il collabore, en effet, avec des coopératives de producteurs bio.  Le Grand Orly Seine Bièvre travaille sur une approche circulaire pour l’aménagement de son futur siège. Il y a aussi un embryon d’écologie industrielle qui est en train de se former à Bonneuil-sur-Marne. En fait, c’est un territoire riche d’initiatives qui sont prometteuses pour la suite.

Vous pourrez rencontrer Joël Ntsondé et le professeur Franck Aggeri, de Mines ParisTech, lors de notre Matinale dédiée à l’économie circulaire dans les marchés publics, le mercredi 28 mars 208, de 08h45 à  12h30, à l’école des Mines de Paris, dans l’amphithéâtre Charpak.

Pour vous inscrire à l’événement, cliquez ici : PROJET ECOCIRC