Résumé du premier article (à ce lien) :
  • Il existe des centaines d’hectares de friches en Ile-de-France, notamment en petite couronne, dans des zones bien desservies.
  • Les Start-up, TPE et PME de l’industrie et de l’innovation ont un besoin fort d’espace pour leur R&D, leur démonstrateurs et premières productions.
  • Les espaces d’incubations et d’expérimentation sur friche urbaine, comme le 6Pasteur du Matériaupôle essayent de répondre à cette double problématique.

Dans cet article, nous nous  pencherons sur les caractéristiques des ZAC franciliennes et les adaptations à opérer pour l’intégration de nouvelles entreprises . Car selon nous,  ces adaptations doivent s’inscrire dans des démarches individuelles, mais aussi dans les évolutions du secteur.

Foncier imparfait, mais des friches qui comblent  les besoins primaires des start-up.

Selon 94Citoyens, (dans l’article à ce lien) : « seuls 5% des locaux disponibles dans la région sont neufs. Le foncier francilien disponible souffre d’obsolescence avec des ZAC vieillissantes […] et des locaux peu adaptés aux nouvelles formes d’activité. »

La Grande-Halle des Ardoines à Vitry-sur-Seine, symbole des richesses ensommeillées du 94.

C’est un constat à nuancer : Les jeunes entreprises du secondaires n’ont pas un besoin vital de foncier neuf et “propre”. Une entreprise incertaine sur sa pérennité cherche l’efficacité, la frugalité et la rapidité de mise en œuvre.

Car la “vallée de la mort” des entreprises n’est pas seulement due au tarissement des sources de financement. Mais aussi car ces entreprises n’ont plus d’espace adapté à leur besoins, dans la mesure de leurs ressources. Plusieurs incubateurs proposent des hébergements d’activité, mais pour des périodes entre 18 et 24 mois en moyenne*. Après cette période, les start-up doivent trouver un espace proportionnel à leur changement d’échelle par leur propre moyen. Le budget alloué évolue alors de manière explosive.

Il est  cependant majeur que l’aménagement des espaces soit réfléchi avec les futurs utilisateurs. En effet, les besoins varient selon les occupants et ceux-ci peuvent assumer une part de l’aménagement eux-mêmes. Cette étape peut permettre au propriétaire d’éviter un suréquipement coûteux et un tarif d’occupation discriminant.

L’économie réalisée peut-être ré-allouée à des recrutements ou des investissements en machines. Mieux encore, cela peut permettre de financer des démonstrateurs / expériences dans les espaces ainsi acquis, et être décisif dans la survie de l’entreprise.

Quels sont donc les besoins primordiaux d’une entreprise du secondaire en début de production?
  • Espaces équipé à minima en :
    • Électrique (éventuellement tri-phasé)
    • La présence ou possibilité d’installer la fibre optique est une nécessité
  • Avec un accès simplifié :
    • Présence de transport en commun à proximité pour pouvoir faire venir les partenaires et capter aisément des travailleurs non-motorisés (tels que les étudiants qualifiés)
    • Accès parking et espace de livraison (au moins pour un utilitaire)
  • Et un espace sécurisé adapté :
    • Anti-feu
    • Validation ERP, SEVESO… Si besoin.

Une part des aménagements, dont la fibre optique, sont inévitables aujourd’hui, L’installation de celle-ci est préférable dès l’occupation transitoire. A la fois pour l’occupant, mais aussi pour le propriétaire qui s’assure un bon fonctionnement des installations.

Une préfiguration des espaces, mais aussi du secteur industriel.

Comme nous le voyions dans le 1er article (à ce lien), le secteur secondaire est en pleine mutation. L’implantation d’entreprises dans des friches, les offres d’équipements mutualisés ouvrent à des d’activités industrielles à moindre coût.

La frugalité est part intégrante de notre avenir. L’économie des ressources (énergie et matière) sont primordiales dans le développement des industries de demain. Cela se retrouve à la fois dans les solutions R&D développées mais aussi dans les décisions stratégiques de nos adhérents.

Bien sûr, il est nécessaire d’anticiper les questions de propriété intellectuelle, notamment en établissant des règles d’usage claires. Mais il s’agit d’un sujet inévitable pour toutes entreprises (quelques soient leur taille et leur ancienneté). Là encore, les espaces  transitoires sont une expérience d’apprentissage pour une entreprise.

Les entreprises développées dans des friches vivent les contraintes qui y sont inhérentes. Ainsi, le Matériaupole peut s’appuyer sur son réseau pour proposer des solutions techniques dans le développement transitoire. Solutions qui seront reproductibles sur d’autres espaces à valoriser.

Agilcare, start-up du bâtiment renouvelable, s’apprête à sortir un nouveau démonstrateur. Ils souhaitent y montrer la compatibilité de leur technologie avec des projets de grandes surfaces sur plusieurs étages.

En bref…

Frugalité est le maître-mot des start-ups du secondaire. Pour innover rapidement et réduire leur “time to market”, ces entreprises ont besoin d’une certaine liberté dans leur aménagement et accès à de l’équipement. Les friches urbaines offrent cela, sont économes et ouvrent des possibilités d’expérimenter in-situ. Tous ces avantages en font des espaces plus intéressants que le foncier intra-muros

Dans le dernier article nous verrons une dernière facette de l’aménagement transitoire. Nous reviendrons sur les bénéfices de l’activité transitoire sur le territoire et les propriétaires, publics et privés.

*Les périodes d’incubations de 18 à 24 nous paraissent insuffisantes pour des start-up de l’industrie qui ont des périodes de R&D longues. En R&D, les enjeux de marchés sont aussi décisifs que les enjeux technologiques. Les entreprises doivent anticiper les étapes de financement, commercialisation et être accompagnées dès le début du projet. Mais il est impossible que la R&D et le marché soient à point au bout de 2 ans.

Antoine Clousier